« … Ce projet interdisciplinaire tend à placer le mouvement au centre des différentes parties du processus : la sujet photographique, l’appareil de prise de vue, la focale elle-même et enfin l’organisation des clichés obtenus en une nouvelle composition. En cela, le mouvement est d’abord décomposé, transmis aux différents éléments, pour être recomposé dans l’œuvre finale. Artefacts, accidents optiques, light painting direct ou indirect par surfaces réfléchissantes elles-mêmes imparfaites, tout est fait pour égarer tant le spectateur que les créateurs et ainsi susciter chez eux un nouveau questionnement sur le statut même des objets, du processus photographique, de la danse, de la peinture ou du mouvement plus général. Les images produites reprennent aussi, à leur manière, la question de la photographie comme captation du réel. Le mouvement, l’énergie contenue dans la photographie et son processus, influerait sur la dimension temporelle et par là, sur le statut même de ces images. Une logique à n’en pas douter héritée de la formation scientifique de ces artistes.
Peut-on encore parler de photographie après de telles manipulations? La photographie a, de tout temps, été retravaillée et recomposée selon différentes techniques. Elle s’est interrogée sur le mouvement et comment le capter, le décomposer, comme l’avait fait en son temps Marey notamment par ses analyses cinématiques de la marche. A cette réflexion de photographe se mêle celle du danseur, sur le tracé qu’effectue son corps, rendu apparent cette fois, mais aussi sur l’occupation de l’espace lors de ses mouvements. »